Dans l’édition du JT rappé consacrée à la visite au Sénégal de Barack Obama, les homosexuels ont été la cible des rappeurs Simon et Bouks. Leurs défenseurs ont la possibilité de se faire entendre sur le même plateau. C’est l’assurance donnée par Keyti, le co-présentateur du Journal, dans cette partie de l’entretien qu’il a accordé à SenePlus. Au nom, précise-t-il, de la liberté d’expression.
Les présentateurs du Journal télévisé rappé (JTR) sont aussi attachés à leur liberté d’expression qu’à celle des autres. C’est pourquoi sur la question de l’homosexualité, sujet tabou au Sénégal où le sentiment homophobe est plus répandu, ils n’écartent pas de faire bouger les lignes. ‘’Ce qu’on essaie de faire, c’est de montrer toutes les sensibilités, jure la main sur le cœur Keyti dans un entretien exclusif accordé à SenePlus. Si quelqu’un a le courage de soutenir les homosexuels, on pourrait le mettre dans le JT rappé. Pourquoi on ne le ferait pas ? On est contre la censure.’’
Le cas échéant, ce ne sera que respect du parallélisme des formes. Car sur le plateau du JTR, les positions homophobes ont déjà été relayées. ‘’Lors de la venue d’Obama, Simon et Bouks (des rappeurs), dans leurs couplets respectifs, ont attaqué les homosexuels, rappelle Keyti. Quand le numéro est sorti, une amie journaliste basée aux Etats-Unis a posté la vidéo sur sa page et un journaliste de la Bbc qui était avec nous lors de l’enregistrement, a commenté en disant que c’est bien, mais qu’on est hyper homophobes. Il y avait quelques réticences, mais finalement on s’est dit qu’on s’en fout. On s’est dit qu’on n’invite pas les gens pour leur dire ce qu’il faut dire, ce qu’il ne faut pas dire.’’
Le co-présentateur du JTR reconnait que le sujet est sensible. Mais, indique-t-il, ce n’est pas une raison pour ne pas l’aborder. ‘’Au Sénégal, on fuit trop le débat sur l’homosexualité’’, martèle le rappeur. A un moment où à un autre, forcément il va arriver. Il y aura de plus en plus de gens qui seront instruits, de plus en plus de gens qui voudront l’assumer. Et ces gens-là sont Sénégalais, ils ont une carte d’identité sénégalaise, ont les mêmes droits que nous. C’est comme cela qu’une société avance. Il y a des choses qui se passent aujourd’hui et qui étaient impensables il y a 20 ans. La loi a avancé, les mentalités aussi.’’
Toutefois, s’empresse d’ajouter le camarade de Xuman, l’initiative du débat sur l’homosexualité doit être prise en interne. Il dit : ‘’Nous devons éviter que ce débat soit imposé par l’Occident, avec des termes occidentaux. Il faudrait que quand on en discute que cela soit avec des références bien sénégalaises. Qu’on prenne en compte la religion, les cultures, etc.’’