Gaston a dès ses débuts symbolisé tout ce à quoi la relève du rap au Sénégal pouvait ressembler. Né le 17 Septembre 1977 à Dakar,il quitte à l’age de 15 ans le Sénégal pour s’installer avec sa mère en France où il fait ses premières rencontres avec le rap à travers IAM de Marseille. Il s’y intéresse alors mais sans plus. Il aura fallu son retour au Sénégal deux ans plus tard et la sortie des premiers albums de rap comme ceux du Positive Black Soul, Daara J ou Pee Froiss pour qu’il s’y mette en créant le groupe Sen Kumpeu avec Bourba Djoloff qui lui aussi venait de débuter. Implanté au cœur de la Médina qui fut le premier quartier populaire à l’époque coloniale, Sen Kumpeu s’est très tôt singularisé dans le rap de l’époque, du fait surtout d’une étiquette hardcore avec des textes bien construits et une forte imprégnation des réalités sociales et des difficultés de la jeunesse sénégalaise face à un régime socialiste dont elle était loin d’être satisfaite. C’est ainsi qu’en 1999 déjà ils participaient à la compilation D-Kill Rap initiée par Fitna Produktions avec le titre Nirékeula ( Ca se passe comme ça) qui finit de les installer définitivement dans le paysage rap sénégalais. En 2000, même label, autre compilation, Sen Kumpeu revient avec Lu Deuk bi Laac ( Que Demande le Peuple) dans Politichien ( pour suggérer politicien). Cette compilation purement axée sur la politique au Sénégal et qui est sortie juste après les élections fit couler beaucoup d’encre et de salive et est toujours citée comme référence de l’engagement dont font preuve les rappeurs du pays. En 2001 ils furent lauréats des Hip_Hop Awards dans la catégorie « Révélation ». Malheureusement pour tous ceux qui attendaient l’album du groupe, la séparation intervient en 2003. C’est finalement cette même année que Gaston sort son premier album solo intitulé Khél Komla ( L’intelligence est une richesse). Composé de 8 titres, c’est un album qui a surpris par son ancrage et sa perspicacité à décortiquer la réalité sénégalaise avec des thèmes aussi divers que les errements du système judiciaire, la condition de la femme, le désoeuvrement de la jeunesse ou encore les relations hommes- femmes dénaturées par la quête effrénée de l’argent et du sexe. Cet album fut considéré comme l’un des premiers à « parler » aux sénégalais non seulement dans les thèmes mais aussi le langage et les expressions utilisées pour décrire un vécu quotidien commun. Il fut nominé aux Hip-Hop Awards de cette année.
En 2004 Gaston retrouve Nix et Keyti avec qui il avait été en compétition pour le meilleur album solo de 2003, ainsi qu’un chanteur, Ass Malick , pour travailler sur un album international intitulé Dakar All Stars. La sortie de cette œuvre fut un succès et finit de rassurer sur le talent de Gaston et sa capacité à peindre des tranches de vie et à rendre des émotions qui donnent à sa musique tout son réalisme et sa dimension humaine.
Yeuk sogua nekk, c’est le second album de Gaston. Un album qui invite ‘à une introspection générale afin de faire du monde un lieu de paix, de justice, de solidarité et d’amour’. Une invite justifiée par un constat : ‘Les hommes ne font pas assez de quête de connaissance d’eux-mêmes et du divin’. C’est pourquoi, croit savoir l’artiste, le monde est ‘dans un état de crise morale, spirituelle, sociale.
Composé de 16 morceaux, disponible en Cd et en cassette.